O Local do Crime / Le Lieu Du Crime
Rétrospective Téchiné
Le corps contre les autres, par Clément Graminiès (17 mars 2009)
(…)
Naissance d’un auteur et une rencontre déterminante : Catherine Deneuve
Lorsqu’en décembre 1981, André Téchiné sort son cinquième long-métrage sur les écrans, Hôtel des Amériques, on sent clairement la rupture dans l’œuvre du cinéaste. Si ses précédents films entretenaient une certaine abstraction sur la localisation géographique de l’action, Hôtel des Amériques, comme son nom l’indique, est quant à lui parfaitement ancré dans la réalité. En prenant pour cadre une chambre d’un petit hôtel de Biarritz hors saison, André Téchiné se défait d’un maniérisme qui pouvait caractériser jusqu’ici son cinéma pour atteindre avant tout l’humain. Le choix de ses acteurs dénote également d’un changement. Si Isabelle Adjani ou encore Jeanne Moreau pouvaient jouer d’une distance presque fantomatique, les compositions de Catherine Deneuve et de Patrick Dewaere sont à fleur de peau. Entre mélancolie de l’actrice et le jeu physique et torturé de l’acteur, Téchiné prouve qu’il fait davantage confiance à ses interprètes pour incarner son film. Hôtel des Amériques, outre la bouleversante histoire d’amour qu’il raconte, signe la fin d’une retenue. Téchiné n’a plus recours aux artifices pour nous raconter une histoire, il se donne tout simplement à nous, en toute sincérité. Du coup, les choix de mise en scène, s’ils étaient clairement posés en avant lors des précédents films, ne font plus écran entre les personnages et le spectateur. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il s’agit du premier de ses films dans lequel apparaît un personnage clairement identifié comme homosexuel, révélant de fait une préoccupation intime du réalisateur. Si ce personnage n’est que secondaire dans l’intrigue, il n’en reste pas moins le révélateur du trouble qui anime Patrick Dewaere et qui pourrait expliquer l’impossible aboutissement de son histoire d’amour avec Deneuve. Le cinéma d’André Téchiné n’a jamais fait preuve d’un optimisme débordant. Pourtant, au-delà des thèmes de la solitude et des passions contrariées qui ne cessent de nourrir le cinéaste, ces quelques films sont tous animés par cette même quête : un apaisement des tensions qui passe par une réconciliation avec soi-même.
Le second film qu’André Téchiné réalise en compagnie de Catherine Deneuve n’est autre que le très beau Lieu du crime (1985). Cette nouvelle expérience lui permet de développer de nouvelles thématiques comme la question de la filiation, du rapport à la mère (qui sera une nouvelle fois traité dans Ma saison préférée et Les Roseaux sauvages), de la quête d’une image masculine pour l’adolescent (le père, le grand frère, l’amant), véritable leitmotiv de l’œuvre de Téchiné que l’on retrouvera dans des projets aussi différents que Rendez-vous, Les Roseaux sauvages, Les Voleurs, Les Égarés ou encore Les Temps qui changent. Dans Le Lieu du crime, Thomas, un adolescent de 14 ans, se prend d’amitié pour un fugitif, Martin (Wadeck Stanczak), qu’il décide de cacher et duquel sa mère (Catherine Deneuve) va tomber amoureuse. Ce « lieu du crime » n’est pas lié, comme on pourrait le croire, à la raison pour laquelle Martin fuit la police, tout comme le titre du film Les Voleurs ne trouve pas sa seule justification dans les activités de contrebande de la famille Fontana. Chez Téchiné, le geste qui définit n’est en fait qu’affect. Ce lieu du crime dont il est finalement question dans le film-titre, c’est cette scène où le jeune adolescent surprend sa mère en train de faire l’amour avec le fugitif. Cette relation triangulaire entre la mère, l’amant et l’enfant, aux évidents relents incestueux, sera également au centre des Égarés, vingt ans plus tard, et tout autant source de déception pour l’enfant finalement trahi dans sa quête fraternelle (ou amoureuse). Le Lieu du crime est aussi le premier long-métrage où André Téchiné filme généreusement la campagne de son sud-ouest natal. L’intense sensualité qui découle de ces images solaires et qui marquera la patte du réalisateur dans les films à venir (Ma saison préférée, Les Roseaux sauvages, Les Égarés mais aussi Les Témoins) souligne un évident contraste avec les films où la grisaille parisienne est synonyme de repli sur soi, d’incapacité totale pour les personnages de naître (Rendez-vous, J’embrasse pas, Alice et Martin). (…)
André Techiné & Catherine Deneuve
Sobre a musa e o autor na nossa biblioteca especializada:
AUTOR |
TÍTULO |
LOCAL EDIÇÃO |
EDITORA |
ANO EDIÇÃO |
DENEUVE, Catherine |
À l'Ombre de Moi-Même |
Paris |
Éditions Stock |
2004 |
AUTOR |
TÍTULO |
LOCAL EDIÇÃO |
EDITORA |
ANO EDIÇÃO |
BAECQUE, Antoine (Reunião textos) |
État du Monde du Cinéma (Le) : nouvelle géographie |
Paris |
Cahiers du Cinéma |
2001 |
BAECQUE, Antoine de (Reunião de Textos) |
Nouveaux Cinémas, Nouvelle Critique |
Paris |
Cahiers du Cinéma |
2001 |
BAECQUE, Antoine de (Reunião de Textos) |
Politique des Auteurs (La) : Les Textes |
Paris |
Cahiers du Cinéma |
2001 |
FARO, Cineclube de |
Mês do cinema Europeu-1995 |
Faro |
Cineclube de Faro |
1995 |
MACEDO, João Paulo (Dir.) |
Cinema, nº 35 |
Porto |
Federação Portuguesa de Cineclubles |
2006 |
PHILIPPON, Alain |
André Téchiné |
Paris |
Cahiers du Cinéma |
1988 |